Les propositions du Mouvement Démocrate sur la réforme des retraites

Les propositions du Mouvement Démocrate

1) Pour que la réforme des retraites soit efficace, il faut aussi augmenter le nombre d'actifs et traiter le problème du chômage

Actuellement ce qui pose problème dans le financement du régime des retraites par répartition, c'est le déséquilibre entre les actifs et retraités. En effet, il n'y a pas assez d'actifs pour financer les retraites : le nombre d'actifs ne cesse de baisser, à cause, entre autre, de la crise économique, et le nombre de pensionnés ne cesse d'augmenter, en raison de l'allongement de l'espérance de vie.

Pour que la réforme des retraites soit efficace, il faut aussi traiter le problème du chômage, et en particulier du chômage des seniors et des jeunes. N'oublions pas que selon l'UNEDIC, la réforme des retraites, actuellement proposée, pourrait creuser le déficit de l'assurance chômage de 440 à 530 millions d'euros par an. Pour lutter contre le chômage des seniors, il pourra être proposé un système qui prévoira des transitions entre emploi et retraite, mais qui devra être équilibré.

2) Oui au passage progressif de l'age de départ à la retraite de 60 à 62 ans

Même si cela n'est pas agréable, il nous paraitraisonnable de faire glisser progressivement l’âge légal à partir duquel on peut faire valoir ses droits à la retraite de 60 à 62 ans.

Néanmoins, il est important de tenir compte de ceux qui ont des carrières longues et qui rentrent dans le marché du travail avant l'age de 18 ans.

3) Non au passage de 65 à 67 ans pour le départ à la retraite sans décote

Mais, repousser à 67 ans l’âge de départ à la retraite pour ceux qui n’ont pas atteint les 41,5 annuités de cotisation,pour une retraite à taux plein proportionnelle, à taux plein, c’est la double peine. En effet, ce sont des personnes qui toucheront des retraites minuscules (inférieures de 40 ou 50 pour cent aux pensions moyennes), et qui, pour en bénéficier, devront travailler deux ans de plus.

4) La réforme des retraites devra aussi tenir compte de la pénibilité du travail.

Le mouvement démocrate propose qu'à l'image des accidents du travail, une caisse autonome soit créée. Elle sera alimentée par les entreprises au prorata des risques qu’elles font encourir à leurs salariés (ceci les incitera à augmenter la prévention).

5) Ajuster les cotisations des français en proportion de leurs moyens

Augmentation des cotisations de manière plus juste pour les hauts revenus et, même symboliquement, par esprit de justice, mise en place de cotisations pour les revenus aujourd’hui à l’abri.

6) La réforme devra remettre à plat le financement des retraites

• Il faudra faire une vraie réforme fiscale pour remettre à plat tous les impôts et cotisations.

• Instaurer un régime de retraites à points, qui ne remet pas du tout en cause la retraite par répartition, mais qui permettrait à chacun d'avoir un compte individualisé et connaitre ses droits à tout moment de sa carrière, et d'avoir le libre choix de partir à la retraite à partir d’un âge légal.

7) Nous voulons l'unification des régimes de retraite

Il faut unifier les régimes de retraite y compris celle des régimes spéciaux et notamment ceux des élus, parlementaires et gouvernants.

La réforme des retraites est un enjeu majeur pour la France. Cependant cette réforme aurait dû faire l’objet d’un vrai consensus entre les partenaires sociaux et aurait dû être soumise à un large débat avec les français pour témoin. L’absence de représentation de tous les courants politiques français au parlement contribue à des affrontements dogmatiques entre droite et gauche.

Pourquoi j'ai voté CONTRE la réforme des retraites

propos de François Bayrou

J'aurais voté pour une réforme juste. Une réforme des retraites est vitale, et je considère comme raisonnable qu'elle comporte un déplacement de l'âge légal de 60 à 62 ans. Mais le déplacement de 65 à 67 ans du seuil où l'on peut obtenir une retraite proportionnelle sans pénalisation est une punition pour les carrières incomplètes. C'est une injustice et je voterai contre cette injustice.

Le report à 62 ans était-il inévitable ?

La situation actuelle est intenable. Les retraites versées aux Français représentent cette année 280 milliards d'euros et il y a, sur cette somme, plus de 30 milliards de déficits. Ces dizaines de milliards sont empruntés et leur charge renvoyée sur les années à venir. Les actifs doivent donc assumer la charge de retraites toujours plus nombreuses et, en plus, rembourser les montants empruntés les années précédentes ! Effet boule de neige ! Les solutions comptables, comme la baisse des pensions, sont impossibles à assumer. Il n'y a donc qu'une piste logique : il faut supprimer les déficits en augmentant le nombre d'actifs par rapport aux retraités.Cela suppose une politique de reconquête de l'emploi.

Alors pourquoi voter contre ?

Parce qu'il est absolument injuste d'en profiter pour cibler les plus fragiles. Déplacer de 65 à 67 ans l'âge de validation des droits, c'est la double peine: ceux qui ont eu des carrières incomplètes, qui ont eu des difficultés dans la vie professionnelle auront des retraites minuscules, et c'est eux qu'on cible pour financer l'ensemble.C'est extrêmement choquant. Encore davantage quand existent des situations protégées, à commencer disons-le par les parlementaires, bénéficiant d'un régime spécial très avantageux, sans exigence de carrière complète !

A terme, que préconisez-vous pour que le système soit viable ?

Si l'on veut un système équilibré, il faut changer d'architecture. Il faut passer à une retraite par points, un régime universel, par répartition,équilibré sur le long terme, géré par les partenaires sociaux, permettant à chacun de choisir lui-même l'équilibre entre âge de départ et montant de la pension et de savoir, à tout moment de la vie, où il en est de la retraite qu'il peut espérer.

Il aurait été intéressant que le gouvernement accepte de réfléchir à un tel changement de système, qui a déjà convaincu une partie des syndicats, et même certains à l'UMP et au PS. En refusant cette réflexion, il a enlevé tout horizon crédible à la réforme. Il faudra donc tout repenser.

Cette réforme serait donc une occasion manquée ?

Il aurait été beaucoup plus courageux d'aller vers une réforme vraiment durable. Si j'avais eu à la conduire, je m'y serais pris bien différemment. J'aurais organisé une négociation longue, publique, télévisée, sur plusieurs semaines, qui aurait permis à chacun des intervenants de défendre ses idées et ses principes. Cela aurait détruit les fantasmes et conduit chaque Français à se forger une conviction personnelle. Je suis sûr que l'on aurait trouvé des zones de consensus. Et j'aurais traité en même temps de la question des fins de carrière progressives, d'unnouveau rôle pour les seniors dans l'entreprise, du tutorat, du changement du travail selon les âges de la vie.

Sur le dossier des retraites Bayrou dénonce

« LA GAUCHE DES ILLUSIONS »

Le président du Mouvement démocrate, François Bayrou accuse la gauche, notamment le PS de ne pas dire, ou "à voix basse" la vérité.

La plupart des gens qui manifestent croient que toutes les forces qui défilent et en particulier le PS sont pour un retour à la retraite à 60 ans. J'ai entendu des responsables du PS, Ségolène Royal en particulier, dirent solennellement, « nous rétablirons la retraite à 60 ans ! ». Mais, ce que la gauche ne dit pas ou qu'elle dit à voix basse en chuchotant, c'est que ce n'est pas la retraite à 60 ans à taux plein, c'est la retraite à 60 ans avec des pénalisations presque doublées pour ceux qui n'auront pas leurs annuités de cotisation !

Le PS propose, en effet, d'augmenter la décote et l'allongement sans limite, au-delà de 42 ans, de la durée de cotisation.

On ne dit pas aux personnes qui défilent, que le PS a fait le constat que la réforme était indispensable et que la retraite à 60 ans à taux plein était intenable.