2012, État d'urgence (analyse des propositions économiques)

Publié le par Section Roanne Feurs

Nous vivons un thriller planétaire dont nous ne cessons de mesurer chaque jour l’ampleur. Si la première victime a été grecque, il semble bien que le peuple hellène n’aura pas le monopole de la tragédie. Il y a état d’urgence et cette cause-là vaut bien d’y consacrer un livre. François Bayrou vient de le faire.

 

Nous vivons à l’heure actuelle la crise qui a été annoncée au lendemain même de celle des banques : la crise des dettes publiques. La France, avec ses records enfoncés ces dernières années y est aux premières loges.

La dette, Bayrou en a longuement parlé en 2007. Le danger mortel qu’il annonçait s’est répandu sur les économies occidentales. L’inquiétude grandit à proportion de la gangrène qui gagne notre économie, toutes les solutions viables sont bonnes à prendre. François Bayrou ne voit d’autres solutions que d’équilibrer nos budgets pour sortir de la nasse. Notre déficit primaire (hors charge de la dette) s’établit à 5,5% de notre PIB. En somme si nous ne pouvions plus emprunter, nous ne pourrions plus payer nos fonctionnaires.

Pour retrouver l’équilibre il faut que l’addition de nos économies et de nos ressources dégage 100 milliards d’euros.

 

 

Bayrou établit ses comptes de la manière suivante :

  •  
    •  

       

- Récupération d’un quart des niches fiscales(Bayrou juge démagogique la proposition socialiste qui table sur 50 des 80 milliards des niches : elles recouvrent des réalités très (trop!) diverses ! Certes le bouclier fiscal mais aussi le crédit impôt-recherche, l’avantage fiscal pour aide à personne et tant d’autres encore). 20 milliards

  •  
    •  
      •  
        •  

          Cela donne 80 milliards. Il en manque encore 20…


      • - 2 points de TVA supplémentaires doivent pouvoir fournir les 20 milliards suivants. .


        - en augmentant l’Impôt sur le Revenu (Tranches supplémentaires) et en revoyant la taxation des successions, on peut espérer 5 milliards.


        - Optimiser l'assurance-maladie, retraites et plus généralement budgets sociaux afin de dégager les 15 milliards


        - L’Etat doit continuer à diminuer ses interventions et baisser son train de vie. Les collectivités locales doivent être responsabilisées et gérer plus directement leur fiscalité afin de limiter les transferts avec l’Etat. 20 milliards

         

Les vingt milliards manquant ne peuvent être trouvés que dans un accroissement de la richesse nationale. C’est cet accroissement-là qui est l’objet principal du livre de Bayrou (l’éducation ne vient qu’en second), ce que Bayrou appelle le “produire en France”.

 

Très pédagogiquement, il débarrasse ses lecteurs d’une illusion dangereuse : la démondialisation.

Plutôt que d’espérer pouvoir s’enfermer dans nos frontières, Bayrou préfère voir la France se battre pour ériger des règles justes, une mondialisation loyale. Le protectionnisme jusqu’aux contours de l’Europe, est un leurre dangereux. Même si notre balance commerciale est mise à mal nous demeurons un pays exportateur. Le doter de barrières douanières unilatérales aurait un effet dévastateur sur notre économie car nos partenaires commerciaux ne manqueraient pas d’agir de même. Le problème n’est pas la concurrence mais la concurrence déloyale.

Par exemple, les normes européennes ne doivent pas valoir pour les producteurs européens mais pour tous les produits vendus sur le marché européen. De même, un pays ne devrait pas pouvoir décréter unilatéralement la valeur relative de sa monnaie dès lors qu’il utilise les règles du commerce international pour vendre ses productions. C’est au niveau de grandes organisations internationales comme l’OMC qu’il faut lutter pour promouvoir une concurrence juste.

Depuis une dizaine d’années nos déficits commerciaux suivent le chemin de nos déficits budgétaires : ils dérapent toujours plus, privant notre pays de précieuses ressources. C’est donc sur notre sol qu’il s’agit de relancer nos productions. Il n’existe certes pas de solutions miracle mais il nous reste des leviers qu’il demeure possible d’activer.

 

a) L’automatisation des productions permet ainsi de contourner les écarts de coûts salariaux comme critères déterminants de rentabilité. Elle facilite donc l’implantation de la production sur le sol français.

 

b) C’est l’offre plutôt que la demande qu’il faut soutenir à l’heure actuelle : dans une économie ouverte comme la nôtre, et en l’état de notre appareil productif, une relance par la demande reviendrait à stimuler les productions allemande ou chinoise, tant nos importations en biens de consommation sont importantes.

 

c) Sans définir une stratégie nationale l’État pourrait permettre aux différents acteurs économiques d’en dresser les contours ; une sorte de Commissariat au Plan qui les réunirait et les informerait (sur certaines OPA hostiles dont le seul but est de capter le carnet de commandes d’un concurrent puis de l’éliminer une fois la prédation accomplie, par exemple).

 

d) Appeler les consommateurs à la rescousse.

Un véritable effort implique la nation toute entière. Convenablement informés, les Français consommateurs peuvent devenir les soutiens actifs des Français producteurs. Mais pour cela, il faut créer un label “Produit en France” indiquant précisément en pourcentage la production issue de notre sol. Aux associations de consommateurs, professionnels et salariés d’en contrôler la fiabilité.

 

e) Simplification fiscale et juridique.

Les cadres juridiques qui régissent l’activité entrepreneuriale sont d’authentiques labyrinthes : niches fiscales et sociales, normes complexes et changeantes, tout contribue à favoriser les très grosses entreprises disposant de cabinets juridiques tandis que les PME sont conduites à errer dans leur dédale. Une iniquité de plus qu’il convient de corriger.

 

f) Basculement des charges sociales.

Il y a une injustice dans notre pays : tous les Français bénéficient de la même protection mais seuls les salariés et les entreprises la paient. Si l’avantage profite à toute la nation, c’est également à elle de le financer. Tous les revenus sans exception doivent contribuer : salaires, entreprises, revenus du capital, assurances, retraites… Un impôt comme la CSG qui touche tout le monde et tous les revenus pourrait pourvoir à ce financement.

De ce fait, les marges plus importantes, particulièrement dans l’industrie, favoriseraient l’investissement dans la recherche et le développement.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article