Pourquoi j'ai voté CONTRE la réforme des retraites propos de François Bayrou

Publié le par Section Roanne Feurs

 

J'aurais voté pour une réforme juste. Une réforme des retraites est vitale, et je considère comme raisonnable qu'elle comporte un déplacement de l'âge légal de 60 à 62 ans. Mais le déplacement de 65 à 67 ans du seuil où l'on peut obtenir une retraite proportionnelle sans pénalisation est une punition pour les carrières incomplètes. C'est une injustice et je voterai contre cette injustice.

 

 

Le report à 62 ans était-il inévitable ?

La situation actuelle est intenable. Les retraites versées aux Français représentent cette année 280 milliards d'euros et il y a, sur cette somme, plus de 30 milliards de déficits. Ces dizaines de milliards sont empruntés et leur charge renvoyée sur les années à venir. Les actifs doivent donc assumer la charge de retraites toujours plus nombreuses et, en plus, rembourser les montants empruntés les années précédentes ! Effet boule de neige ! Les solutions comptables, comme la baisse des pensions, sont impossibles à assumer. Il n'y a donc qu'une piste logique : il faut supprimer les déficits en augmentant le nombre d'actifs par rapport aux retraités.Cela suppose une politique de reconquête de l'emploi.


Alors pourquoi voter contre ?

Parce qu'il est absolument injuste d'en profiter pour cibler les plus fragiles. Déplacer de 65 à 67 ans l'âge de validation des droits, c'est la double peine: ceux qui ont eu des carrières incomplètes, qui ont eu des difficultés dans la vie professionnelle auront des retraites minuscules, et c'est eux qu'on cible pour financer l'ensemble.C'est extrêmement choquant. Encore davantage quand existent des situations protégées, à commencer disons-le par les parlementaires, bénéficiant d'un régime spécial très avantageux, sans exigence de carrière complète !


A terme, que préconisez-vous pour que le système soit viable ?

Si l'on veut un système équilibré, il faut changer d'architecture. Il faut passer à une retraite par points, un régime universel, par répartition,équilibré sur le long terme, géré par les partenaires sociaux, permettant à chacun de choisir lui-même l'équilibre entre âge de départ et montant de la pension et de savoir, à tout moment de la vie, où il en est de la retraite qu'il peut espérer.

Il aurait été intéressant que le gouvernement accepte de réfléchir à un tel changement de système, qui a déjà convaincu une partie des syndicats, et même certains à l'UMP et au PS. En refusant cette réflexion, il a enlevé tout horizon crédible à la réforme. Il faudra donc tout repenser.


Cette réforme serait donc une occasion manquée ?

Il aurait été beaucoup plus courageux d'aller vers une réforme vraiment durable. Si j'avais eu à la conduire, je m'y serais pris bien différemment. J'aurais organisé une négociation longue, publique, télévisée, sur plusieurs semaines, qui aurait permis à chacun des intervenants de défendre ses idées et ses principes. Cela aurait détruit les fantasmes et conduit chaque Français à se forger une conviction personnelle. Je suis sûr que l'on aurait trouvé des zones de consensus. Et j'aurais traité en même temps de la question des fins de carrière progressives, d'unnouveau rôle pour les seniors dans l'entreprise, du tutorat, du changement du travail selon les âges de la vie.

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